Ouest-France Sylvie RIBOT. Publié le 22/11/2023
À l’Ehpad public de Rochefort-en-Terre (Morbihan), des résidents vont participer à un défi, ouvert aussi au grand public. Mauricette, s’entraîne tous les jours et pédale au moins 1 heure : « C’est une drogue, ça désennuie et je me sens plus en forme ».
À l’Ehpad public de la Mare, à Rochefort-en-Terre (Morbihan), alors que la plupart des résidents sont en train de goûter, dans la grande salle d’à côté, Léon Raulo, 84 ans, en fauteuil roulant, pédale sur le « motomed ». Sans selle puisque les pratiquants restent en fauteuil, cette machine inspirée du vélo d’appartement est utilisée régulièrement par Charlotte Mainnemare, la kiné, pour maintenir ou redonner un peu de tonus dans les gambettes des anciens. « On peut voir l’asymétrie des appuis, augmenter la résistance, ou même faire travailler aussi les bras », montre la kiné. Avec ou sans assistance électrique.
« À notre tour de faire quelque chose »
Depuis quelque temps, ce motomed sert aussi à l’entraînement des résidents qui participeront au Téléthon. « Beaucoup le regardent à la télé alors on s’est dit « à notre tour de faire quelque chose ». On a prévu un défi de 24 heures de pédalage, ouvert à tous, à partir du vendredi 8 décembre à 18 h », explique Caroline Duhamel, animatrice. Sept papys et mamies de l’Ehpad de la Mare sont déjà inscrits, quatre autres de l’Ehpad Grand Jardin, ainsi que des personnels. D’autres pédaleurs pourront assurer les relais aux côtés de Mauricette, Monique, Léon, Raymonde, Marie-Thérèse, Claude, etc. Que ce soit pour quelques minutes ou bien plus. « On a aussi voulu ouvrir aux extérieurs : il y aura des cyclistes de la Roue Pluherlinoise, l’équipe féminine de basket de Pluherlin, des pompiers, des familles. N’importe qui peut venir mais pour les assos, mieux vaut s’inscrire », souligne Caroline. Deux motomed seront à disposition. Une cagnotte est en ligne sur le site du Téléthon.
« Je fais 60 min, tous les jours, même le dimanche ! »
« Du vélo j’en faisais quand j’étais jeune. Maintenant je ne marche pratiquement pas parce que j’ai eu beaucoup de problèmes au genou », commente Léon, tout en poursuivant sa petite séance… Sous l’œil de Mauricette, 81 printemps, qui attend son tour, et espère ne pas se mettre en retard pour la messe qui va suivre. « Je fais 60 à 70 minutes tous les jours, même le dimanche, c’est une drogue ! », lâche Mauricette.
« Les pompiers feront mieux que moi »
Elle chambre gentiment Léon sur son score kilométrique (5 km en 25 minutes). Puis la voilà qui positionne son fauteuil, les chaussures sur les pédales, et zou, c’est parti. « Dommage qu’on n’ait pas un écran devant avec un paysage », glisse-t-elle. Pas grave, Mauricette a souvent quelques copines, comme Monique ou Adrienne, qui viennent taper la discute pendant son entraînement.
« Quand on allait au bal, on allait à vélo », raconte Mauricette, qui était agricultrice à Larré. Depuis qu’elle s’est remise au pédalage, elle se sent « plus en forme. J’ai plus de force même si j’ai encore peur de tomber quand je marche un peu », confie-t-elle, tout en gardant le rythme sur les pédales et en surveillant l’écran de contrôle. 6,88 km. « Le vélo, ça désennuie ».
Mauricette fait au moins une heure de vélo par jour depuis un an, ici sous l’œil de l’animatrice Caroline Duhamel.
« Moi, je pourrais pédaler même à 3 h du mat’»
Caroline lui rappelle le programme du téléthon sur 24 heures. « Moi, je pourrais même pédaler à 3 h du matin », rigole Mauricette. « Peut-être bien quand même que les pompiers feront mieux que moi ». Les kilomètres sans assistance s’enchaînent. 11 bornes. « Il y aura une fanfare le vendredi ? Ah je chante comme une casserole, donc je pédalerai. » Pour Mauricette, toutes les excuses sont décidément bonnes pour rester sur le motomed.
Elle demande l’heure, et convertit illico : « 17 minutes avant la messe ». Des collègues sont déjà en train de converger. Petit à petit toute l’assemblée s’installe, Mauricette imperturbable, pédale. 16 h 30, le curé arrive. L’octogénaire vient juste de boucler ses 20 km en une heure et manœuvre doucement son fauteuil pour se mettre dans le bon sens, sur la même ligne que les autres. Top départ pour la messe.